Vroummmm

Je vous parle d'une galère que les moins de 20 ans ne peuvent pas connaître, L'ile de france en ce temps là connaissait une vague de froid et surtout réapprenait à marcher...c'était la période de grande grève. Aucun train, aucun métro, aucun bus...l'école de kiné a fermé ses portes temporairement, les partiels de décembre étaient reportés pour janvier (Le pire Noël et pire jour de l'an que j'ai connu pour cause de révisions intenses) mais j'avais une chance, j'habitais dans une ville qui avais un hosto, dans lequel je faisais mon stage. Bon, je n'avais pas tant de chance car j'étais à une extrémité de la ville et l'établissement à l'autre.

J'en ai usé de la semelle pendant ces années. Stage le matin à mi-temps, je mettais une heure et demi à y aller et une heure en retour (bah oui parce qu'en plus c'est pentu par chez moi sinon ce serait pas drôle). Et puis toutes bonnes (ou mauvaises) choses devant avoir une fin, j'apprends que les cours reprennent mais les trains et les bus n'ont pas repris leur cadence normale. Et là c'est galère. Je termine le stage à midi et le cours est à...15 heures. 3 heures pour faire 20 kilomètres. Là j'ai envie de pleurer.

J'ai découvert alors l'entraide et, bien qu'ayant la trouille de faire du stop, j'ai réussi à rallier l'école en moins de temps que je ne l'aurais fait hors période de grève.

-Vous allez où?

-Place truc à Machin sur Bidule

-Ok je peux vous avancer jusqu'à la rue Dutruc

Des jeunes, des vieux, des couples, des familles...tout le monde avait froid, mal au pied, mais bizarrement tout le monde souriait. Que c'était bon de voir un parigot aimable.

Le lendemain, rebelote. Le premier cours est à 14h30 et donné par...le chef de service où je suis en stage. Un beau docteur, élancé, dans la quarantaine, très respecté des soignants et respectueux...appelons-le Georges. Oui comme le Georges Clooney sauf que, mon mien, il a une moto et il va à l'institut de formation kiné en moto.

Plantons la scène: l'entrée de l'hôpital, Biche et Dr Georges arrivent presqu'en même temps, elle à pied, lui à moto.

-Bonjour Dr Georges.

-Bonjour Biche

-Je ne sais pas si vous avez été prévenu mais les cours reprennent et vous donnez un cours cet après midi à 14h30.

-Je l'ignorais. Merci de m'avoir prévenu.

Mon Dr Georges, sort des papiers, range son casque, commence à s'éloigner doucement.

-Dr Georges?

-Oui Biche (tout en regardant sa liasse de papier).

-Je peux vous poser une question indiscrète? Vous y allez comment à l'école cet après midi?

Et là, son regard s'est planté dans le mien:

-Si vous avez un casque, je vous emmène. Rendez-vous à 14h à l'entrée.

Et il part, moi petit sourire en coin parce que, juste au cas où, mon casque, il est dans mon sac à dos sur mes épaules.

J'ai sauvé la journée. Mes collègues qui se sont déplacés ont eu leur cours (en plus les cours du Dr Georges sont denses mais il est très patient et pédagogue), moi j'ai pu aller en cours.

Et puis n'empêche que j'en ai fait baver quelques uns car je suis arrivé (en retard) en moto (suzuki en plus, ma préférée) derrière le prof sur le parking de l'école devant une bonne partie de la promo car le cours avait lieu au rez-de-chaussée, les fenêtres donnant sur le parking. C'te classe!

Merci Dr Georges. Vous êtes parti dans une autre région un an après, les étudiants kiné de ********* (anonymat j'ai dit!) dont moi-même ont regretté ne plus vous avoir comme prof.

Et en plus, vous m'avez fait faire un tour de moto.

Le soir, je suis rentrée...à pied, il était plus de 21 heures 30 ...J'avais froid mais je n'ai pas arrêté de sourire tout le long du chemin, des étoiles plein les yeux. C'était en tout bien tout honneur. Je n'en étais pas amoureuse mais par contre, sa moto... What Else!