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Carnet spécial d'une kiné et d'une patiente
8 mars 2012

La réanimation, un service à part

J'avais abordé l'exercice en libéral, en salle à l'hopital, quelques aspects de la kinésithérapie...aujourd'hui, je vais vous parler d'un service à l'hopital un peu spécial: la réanimation.

En fait, il existe plusieurs réanimations: neurologique, phrénologique, cardiologique, médicale, infectieuse, chirurgicale et le summum la réanimation qui peut regrouper tous les types de réanimation, appelée polyvalente.

Dans ce service, il y a généralement plus de personnel que de patients. Quoi? C'est honteux diront certains. Je vais calmer d'emblée toute velléités de ceux qui voudrait faire de grosses coupes budgétaires: quand vous êtes en réanimation, c'est que  votre pronostic vital peut être engagé. Que votre pathologie, comorbidités et décompensation nécessitent de sortir l'artillerie lourde. Pour vous donnez un exemple, un seul appareil à dialyse coûte le prix de mon ancien F1 en banlieue parisienne (et encore en grande couronne). Et puis, il y a aussi les consommables, pour faire fonctionner cet appareil, qui vous purifie le sang et vous fait perdre 4 litres de flotte (alors que vous en avez pris 25 litres depuis le début de votre séjour). La vie n'a pas de prix mais elle a un coût. Alors, les velléitaires, taisez-vous et écoutez!

J'aime ce service.

Il y a toute la pyramide de médecins:

  • Un Chef de pôle: on le voit rarement tellement il est happé par la recherche et le grand méchant loup l'admistration l'institution.

 

  • Un Chef de service: Il n'aime pas l'administratif mais il s'y colle quand même mais dès que l'occasion se présente, il retourne voir son service et faire la grande visite. Il est présent tous les matins au staff. Il n'a pas de patient directement en charge mais c'est lui qui va trancher. Parfois, il me semble regretter de ne pas assez pratiquer à son goût. C'est un puit de science en général.

 

  • Des PH (praticiens hospitaliers) qui peuvent être PU (professeurs d'université): Ils gèrent les patients avec leurs internes. Ils publient des articles, en lisent beaucoup, supervisent les études randomisées...etc...des bourreaux de travail quand ils travaillent auprès de leurs internes pour transmettre leur savoir-faire et leur savoir-être et les supervisent.

 

  • Les Internes: bourreaux de travail, car le travail ne manque jamais en réanimation. Ils examinent plusieurs fois par jour et nuit au besoin leurs patients, pratiquent beaucoup de gestes techniques ou les apprennent auprès de leur séniors, reçoivent les familles. Ils font leurs prescriptions ( avant 11 heures car sinon ils vont se faire tirer les oreilles par les paramédicaux!) et les ajustent au besoin de nuit comme de jour.

 

  • Les Externes du matin: un troupeau immense, le roulement est tellement rapide que retenir leur nom est difficile. Ils ont la tache ingrate de ranger toute la paperasse. Leur travail est peu récompensé car un dossier bien tenu est indispensable. Ils examinent leurs patients et notent leur observations. C'est normal, ils sont là pour apprendre ce que les livres ne peuvent leur apporter.


Puis viennent les paramédicaux:


  • Les Infirmièr(e)s: La loi détermine qu'il faut 2 infirmièr(e)s pour 5 patients, nuit et jour. Elles font leur tour toutes les 8 voire 6 voire 4 voire dans 99,99% des cas toutes les 2 heures. A peine, un tour est terminé qu'il faut recommencer. Elles s'occupent des toilettes en binome avec l'aide-soignant(e), administrent les traitements et l'alimentation par la bouche, par le(s) cathéter(s), par la sonde gastrique, par le tube (uniquement les aérosols hein, pas l'alimentation) . Surveillent les constantes sur le scope, les points de ponctions, l'état du patient, le respirateur, préparent les seringues électriques. Ce sont les rois et les reines du produits en croix (j'ai essayé un jour, j'ai calculé une seringue d'héparine qui durait 6 jours, la réflexion mathématique était bonne mais les IDE ont bien ri en me disant que c'était obligatoirement en 6 heures du fait de la dégradation de l'héparine; moi, je voulais juste leur épargner du travail - Tout ça, c'était juste sur du papier hein, je n'ai jamais approché une seringue ou une ampoule d'héparine de ma vie, on est bien d'accord!). Ce sont des perles, elles connaissent leurs patients sur le bout des doigts et savent quand intervenir et ne pas intervenir. Je les admire. J'ai vu une IDE assister une réa difficile, elle est sortie de la chambre au bout de deux heures trempée de sueur...Elles et Ils ont le métier dans la peau.


  • Les Aides-Soignants: Souvent, près d'un(e) IDE, Elles ou Ils font les tours avec les IDE. De vrais perles aussi.


  • Les Agents de Service Hospitalier: des petites mains non qualifiées mais très utiles, ils ou elles courent partout pour récupérer du linge propre, les plateaux repas, faire les pleins des chambres, monter au 13 ème pour chercher l'échographe que les cardios ont emprunté sans le ramener, désinfecter les fibroscopes. Transmettre les papiers du médecin à l'état civil...toutes ces petites démarches chronophages mais O combien indispensables pour le travail des autres.


  • Les Orthophonistes: ils s'occupent de rééducation pour parler, pour pouvoir à nouveau manger par la bouche et non par une sonde, retrouver un puis plusieurs goûts, retrouver la communication verbale...bref, revenir à une vie un peu plus normale.


  • Les psychologues: Les patients peuvent rester plusieurs mois en réanimation. C'est un lieu clos pour le patient, source aussi bien d'angoisse que de protection. Gardien de ce secret que les patients, un jour, ont réalisés qu'ils sont morts une fois...ou plusieurs...que la mort en réanimation, ça arrive assez souvent. Ils se sont vus ou ont imaginé un jour pouvoir mourir...D'ailleurs les anglophones ne parlent pas de réanimation mais de résuscitation...


  • Les Secrétaires: Elles tapent, retapent des mots barbares, longs comme des bras...elles connaissent à force le nom de toutes les bactéries ou des médecins célèbre du siècle dernier qui ont donné leur nom à un syndrome ou une pathologie . Elles connaissent les maux du patient par ces mots. Et taper le compte rendu du patient sortant à la dernière minute à 19:30, cela ne leur fait pas peur.


  • Les Réceptionnistes: Bah oui, on rentre pas comme ça pour voir papy ou mammy. On va la voir et elle, elle voit si le patient est là, s'il n'y a pas de soins ou de toilette. Parce que le patient, il est tout nu en réa (ou  la fameuse chemise qui couvre à minima et encore!). Parce qu'il est hors de question d'entrer dans la chambre alors que le patient est à poil! Il a droit à sa dignité et à ne pas être surpris dans son intimité bordel! Vous sonnez à la porte et vous attendez quand vous allez chez quelqu'un ? Et bien là c'est pareil! Ce qui fait que ces chers réceptionnistes, ils s'en prennent plein la tronche pendant 8 heures de rang parce qu'il auront dit "non, pas tout de suite" ou "non, il est en soin puis en examen, ça prendra deux heures". Tout cela, sans élever la voix, sans se plaindre, ou alors juste un peu en salle de pause. Alors soyez polis avec eux et dites bonjour, s'il vous plaît, merci et au revoir!


  •  Les Attachés de Recherche Clinique: Ils compilent des données, des statistiques. La médecine n'est pas une science finie, et c'est même un art. Ce n'est pas parce que ça marche sur le papier ou en labo que ça marche sur l'humain...d'où les études randomisées en double aveugle multicentriques (cherchez pas, c'est la meilleure façon de prouver). Ce ne sont pas des rats de labos mais des rats de biblio, de dossiers aussi lourds qu'un éléphanteau...


  • Les Kinésithérapeutes: Si, parfois, c'est utile mais ce sera l'objet d'un autre article.


  • Les Diététiciens: parce qu'un patient gravement atteint a besoin d'une alimentation très particulière et adaptée à ces besoins. Ce ne sont pas des "garçons de café" mais de vrais professionnels de santé à l'écoute de ce besoin primaire qu'est manger pour vivre et guérir.


  • Les Cadres de Santé: parfois considéré comme parasite...en réanimation, ils font tout pour que leurs équipes aient les moyens pour bosser, offre même parfois un café, organisent 25 fois le planning pour essayer de contenter le maximum de gens, appellent les administratifs quand l'obscure institution lui met des bâtons dans les roues mais recadrent les choses avant que ça ne dégénère. En fait, ils sont entre le marteau et l'enclume. ils s'en prennent plein la tronche aussi!


 Et puis il y a tous ces travailleurs de l'ombre, qui ne mettent jamais le pied dans la chambre du patient mais qui participent à la logistique: les administratifs, les menuisiers, les électriciens, les lingères, les cuistots (euh c'est parfois degeu, ils le savent), les femmes de ménages...la liste n'est pas exhaustive et je prie de n'avoir froissé personne qui, chaque jour ,oeuvre pour le patient et son rétablissement. La vie n'a pas de prix!


Oui, j'ai mis une majuscule à chacun...parce que tous la méritent et méritent le respect.



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