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Carnet spécial d'une kiné et d'une patiente
15 décembre 2013

Solitude

Quand on est malade, on est seul. Très seul. On tend même à s'isoler.

 

J'avais des amis, on se voyait souvent, on s'appelait, on se donnait des coups de main... et puis la maladie arrive. Au début, mes amis étaient plein de compassion, ça leur faisait mal de me voir comme ça mais très vite, je les ais gavé, je les enquiquinais avec mon histoire. Toujours la même, sans évolution, je m'enfonçais. Il y a eu un petit regain quand j'ai enfin pu dire qu'un diagnostic était retenu. Mais la longueur du traitement et l'évolution lente mettent à l'épreuve les amitiés. De mon coté, je n'ai pas été une super amie non plus, tellement centrée sur mon problème, je voyais ceux des autres avec envie. J'enviais leurs problèmes car j'aurais aimé n'avoir que ceux là. Alors, je leur en voulais aussi un peu. Mais c'est aussi de ma faute, à ne parler que de ma borreliose, de ma douleur, de mes difficultés avec certains membres du corps médical, de mes difficultés de reprise de boulot.

J'avais une famille aussi, qui me propose son aide. J'ai peu abusé d'eux, quitte à se qu'ils me reprochent de ne pas faire appel à eux. Le problème c'est qu'ils veulent aider comme eux l'entendent pas comme j'en ai besoin. Faire le chauffeur parce que je suis sous morphine et donc dangereuse pour la conduite automobile n'est guère passionnant.

J'avais des collègues de boulot. Petit à petit, l'équipe s'est renouvelé et je dois connaître à peine un cinquième des membres qui la compose. Mes appels à chef pour donner des nouvelles, dire que je suis encore en vie se sont transformés en corvée: je faisais ch*er certainement. De professionnelle de santé compétente, enthousiaste et volontaire, je n'étais plus qu'une absente, qui monopolise un poste, diminue le rendement et que si ça continue, avec la politique comptable des hôpitaux, un poste de kiné ne serait pas renouvelé quand l'un d'entre nous partira. Bah oui, avec X-1 kiné, le boulot est quand même fait depuis 2 ans, donc pour question de rentabilité, un poste pourrait être supprimé. Y'a pas de petites économies et on sait que les effectifs rentrent pour 70% dans les coûts. Je suis le boulet number 1. Quand je partirais, je me demande à quoi ça servira de faire un pot de départ, je suis déjà partie pour eux...

J'avais des droits aussi, mais bon, la plupart de mes interlocuteurs se sont assis dessus. Ma tentative de demander de l'aide au CESF s'est soldé par un échec et une perte de temps. Je les enquiquinais à ne pas rentrer dans les cases. Alors ils m'ont dit que tant que les huissiers ne frappaient pas à ma porte, ils ne pourraient rien pour moi.

Alors je fais le moins de bruit possible. Même si j'ai mal, même si je pleure, même si j'ai envie de hurler, je ne laisse presque plus rien sortir. J'aimerais écrire encore plus dans le blog ou sur Twitter mais les mots me manquent. L'envie de ne pas gonfler mon maigre lectorat

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Commentaires
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Oh comme je te comprends, moi aussi professionnelle de sante et passe de l'autre cote de la barriere ....<br /> <br /> Malheuresement oui comme la mort ( une petite princesse est devenue ange , il y a peu de temps...), la maladie fait peur<br /> <br /> C vrai que l'on est pas toujours drole, parfois fatigue, des coups de cafard , mais c dans ces moments que l'on a besoin de plus de soutien, que l'on doit apprivoiser la solitude<br /> <br /> Je me dis souvent que tant qu'il y a une seule personne pour qui je compte, alors je suis comblee<br /> <br /> Courage, les meilleurs ne seront jamais loin...<br /> <br /> Nathalie
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