Non, je ne vais pas parler de moi à la troisième personne, je ne suis pas atteinte du syndrome de l'acteur que vous connaissez tous.

Aujourd'hui, je laisse la place à un médecin, rencontré sur la twittospshère Parce que la kinésithérapie vu par les autres professionnels de santé, c'est aussi important. Mais je me tais et lui laisse toute la place:

Mes relations avec la kinésithérapie remontent à la préadolescence, vers 10-11 ans, lorsque j’étais petit garçon, et que notre médecin de famille (qui était toujours en veste cravate, et fumait la pipe devant ses patients, une odeur encore associée dans mon esprit au « bon docteur »), diagnostiqua un début de scoliose et m’adressa au kinésithérapeute.

Début de ma relation forcée avec un homme dont je me rappelle seulement qu’il était aveugle, naviguait sans problème dans un univers qui sentait le camphre, et qui savait, au bruit, si je trichais lors de mes exercices de gymnastique corrective. L’appellation de corrective n’était pas loin de la vérité, puisque, ne demandant rien à personne, je me voyais infliger cette punition bihebdomadaire. Petit à petit, cette relation, conflictuelle du début, se transforma en rendez-vous volontairement accepté, et ce monsieur sut parfaitement apprivoiser le petit réfractaire que j’étais, en jugeant mes efforts sur la qualité de mon souffle.

Puis, études, bac, fac, Docteur en Médecine, et ordonnances pour des » rééducation-massage, avec physiothérapie », qui avaient l’intérêt, par une formule opaque, de masquer mon manque de compétences en la matière. Jusqu’au jour où un kiné correspondant de mon village se donna la peine de m’appeler pour me demander de noter un diagnostic sur l’ordonnance, pour qu’il puisse établir une stratégie de soins. Surprise !

Comment ? Les soins de rééducation peuvent participer d’un échange entre médecin et kiné ? Et le kiné sait faire ce qu’il faut pour mes patients de lui-même ? Et on peut échanger sur des dossiers ? Le fantasme du « papouillage » de la belle dame qui sent bon en prit de suite un coup, et la relation qui s’établit de ce jour, n’en fut que plus bénéfique pour les 3 parties.

Depuis, je note, consciencieusement sur mes prescriptions, le diagnostic, et éventuellement ce que j’aimerai voir travailler au mieux. La kinésithérapie n’est pas que du massage, il y a du travail pour le patient. Et quand le médecin l’explique, cela va tout de suite mieux.

Enfin, lors d’un séjour au ski, accident banal, chute, et dégâts collatéraux : fracture humérale, et du trochiter (un petit bout d’os qui tient beaucoup de choses). Et là, chirurgie, et indication à de rééducation intensive, d’autant que opéré le jeudi, je repris le travail le lundi, bras en écharpe, et kiné 3 fois par semaine. Me voilà revenu au grade de patient, pas musclé, et tremblant de douleur pour des gestes minimes. Mais « mon » kiné, comme on dit « mon » médecin, sans avoir l’air de rien, petit à petit, me réapprit à me servir de ce membre (gauche heureusement), et à pouvoir refaire des gestes de la vie quotidienne. Tout le travail d’établissement d’une relation de confiance et d’un rapport humain n’est donc pas l’apanage du seul médecin, mais de tout professionnel de santé qui se respecte alors ?

Leçon apprise, et à présent retenue

Merci à vous, mes chers collègues, et vive la coopération pluridisciplinaire.

Philippe

Mes kinés, mes patients, mes emmerdes.

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