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Carnet spécial d'une kiné et d'une patiente
2 avril 2012

Le serment d'Hypocrite

Ce détournement vient du serment d'Hypocrate que je vous livre ici:


"Je jure par Apollon médecin, par Esculape, Hygie et Panacée, par tous les dieux et toutes les déesses, et je les prends à témoin que, dans la mesure de mes forces et de mes connaissances, je respecterai le serment et l'engagement écrit suivant :

Mon Maître en médecine, je le mettrai au même rang que mes parents. Je partagerai mon avoir avec lui, et s'il le faut je pourvoirai à ses besoins. Je considérerai ses enfants comme mes frères et s'ils veulent étudier la médecine, je la leur enseignerai sans salaire ni engagement. Je transmettrai les préceptes, les explications et les autre parties de l'enseignement à mes enfants, à ceux de mon Maître, aux élèves inscrits et ayant prêtés serment suivant la loi médicale, mais à nul autre.

Dans toute la mesure de mes forces et de mes connaissances, je conseillerai aux malades le régime de vie capable de les soulager et j'écarterai d'eux tout ce qui peut leur être contraire ou nuisible. Jamais je ne remettrai du poison, même si on me le demande, et je ne conseillerai pas d'y recourir. Je ne remettrai pas d'ovules abortifs aux femmes.

Je passerai ma vie et j'exercerai mon art dans la pureté et le respect des lois Je ne taillerai pas les calculeux, mais laisserai cette opération aux praticiens qui s'en occupent. Dans toute maison où je serai appelé, je n'entrerai que pour le bien des malades. Je m'interdirai d'être volontairement une cause de tort ou de corruption, ainsi que tout entreprise voluptueuse à l'égard des femmes ou des hommes, libres ou esclaves. Tout ce que je verrai ou entendrai autour de moi, dans l'exercice de mon art ou hors de mon ministère, et qui ne devra pas être divulgué, je le tairai et le considérerai comme un secret.

Si je respecte mon serment sans jamais l'enfreindre, puissè-je jouir de la vie et de ma profession, et être honoré à jamais parmi les hommes. Mais si je viole et deviens parjure, qu'un sort contraire m'arrive! "

 

C'est ce serment qui a donné le serment médical actuel que voici:

 

Au moment d'être admis(e) à exercer la médecine, je promets et je jure d'être fidèle aux lois de l'honneur et de la probité.

Mon premier souci sera de rétablir, de préserver ou de promouvoir la santé dans tous ses éléments, physiques et mentaux, individuels et sociaux.

Je respecterai toutes les personnes, leur autonomie et leur volonté, sans aucune discrimination selon leur état ou leurs convictions. J'interviendrai pour les protéger si elles sont affaiblies, vulnérables ou menacées dans leur intégrité ou leur dignité. Même sous la contrainte, je ne ferai pas usage de mes connaissances contre les lois de l'humanité.

J'informerai les patients des décisions envisagées, de leurs raisons et leurs conséquences. Je ne tromperai jamais leur confiance et n'exploiterai pas le pouvoir hérité des circonstances pour forcer les consciences.

Je donnerai mes soins à l'indigent et à quiconque me les demandera. Je ne me laisserai pas influencer par la soif du gain ou la recherche de la gloire.

Admis(e) dans l'intimité des personnes, je tairai les secrets qui me seront confiés. Reçu(e) à l'intérieur des maisons, je respecterai les secrets des foyers et ma conduite ne servira pas à corrompre les mœurs.

Je ferai tout pour soulager les souffrances. Je ne prolongerai pas abusivement les agonies. Je ne provoquerai jamais la mort délibérément.

Je préserverai l'indépendance nécessaire à l'accomplissement de ma mission. Je n'entreprendrai rien qui dépasse mes compétences. Je les entretiendrai et les perfectionnerai pour assurer au mieux les services qui me seront demandés.

J'apporterai mon aide à mes confrères ainsi qu'à leurs familles dans l'adversité.

Que les hommes et mes confrères m'accordent leur estime si je suis fidèle à mes promesses ; que je sois déshonoré(e) et méprisé(e) si j'y manque.


Et bien je vais vous livrer plusieurs anecdotes qui me sont personnellement arrivés, bien que je sois un professionnel de santé (même si je ne suis pas médecin).

Les belles histoires commencent toujours par "il était une fois". La mienne commence par un "Arrêtez de vous foutre de ma gueule!". Oui, je suis très en colère après le corps médical. Je suis furieuse mais je vous laisse juge. Et avant de me jeter la première pierre et de me lapider, chers docteurs, lisez ce post jusqu'au bout et faites-vous même votre opinion.


Je vous avais raconté une première histoire dans l'article "je ne sais pas". Relisez-le mais sachez que j'ai enlevé les remarques acerbes que j'ai reçu concernant le problème du nombre de ponction lombaire différentes d'un service à l'autre ("non, vous n'avez eu qu'une PL."" Non, j'en ai eu deux, regardez mon dos y'a deux impacts!""Oui, mais moi je n'ai trace que d'un seul examen"), de différence de diagnostic ( aux urgences c'est une méningite lymphocytaire, pour le service de médecine général "Mais non c'est de la migraine, on vous a dis des conneries"-sic.), la prise en charge initiale aux urgences ("regardez moi quand je vous parle et articulez pour me répondre!" a aboyé la première toubib. Oui, sauf que photophobie+Nausée/Vomissement+acouphobie, c'est difficile avec un plafonnier dans la tronche!).

 

J'ai eu droit à un médecin généraliste qui, au moment de prendre ses vacances, m'a dit malgré mes symptômes douloureux intenses:

"Poursuis ton traitement, je t'arrête 3 semaines cette fois. Mais je pense que c'est dans ta tête."

J'ai alors pris la décision de changer de médecin traitant. Actuellement, je lui prépare une jolie lettre lui expliquant gentiment que sa pitié à mon égard me faisait pitié. Parce qu'on n'abandonne pas un patient en lui disant que c'est dans la tête avec seulement une NFS et une électrophorèse des protéines. Parce que je ne suis ni folle ni timbrée. Parce que mon HLA B27 c'est pas dans ma tête! Je vais même participer à sa formation continue car je lui ai imprimé plein d'articles scientifiques et d'analyses, il va falloir qu'il se remette au LCA. Par contre, je le traiterai comme je l'ai fait avec cette neurologue qui a confondu migraine et syndrome post ponction lombaire (où j'étais à deux d'engager le tronc cérébral et de crever toute seule dans un coin!):

"La blouse blanche n'est pas l'apanage de la science infuse et le serment d'hypocrate que vous avez prêté ne doit devenir en aucune façon un serment d'hpocrite"

Oui j'ai osé l'écrire! Et je le revendique! Avec Lettre Recommandé AR en plus!

 

Rendez-vous chez la rhumatologue, adressée par la toubib de médecine interne. Un bonjour tout en suspicion, mon mari est là. Elle me dit "Je suis rhumatologue et je fais des diagnostics de rhumatologie" pour enchaîner 30 secondes après "Je vois surtout que vous êtes déprimée". Ben oui, parce qu'avec une cure de 10 jours de cortisone, j'ai du dormir 3 heures par nuit et là j'ai le contre-coup. Mais moi, je n'appelle pas cela un diagnostic rhumatologique mais un diagnostic psychiatrique.Mais cela, je n'ai pas pu lui dire, je ne pouvais pas en placer une. Elle m'a fait un examen clinique en ne me faisant même pas enlever mes chaussures. J'avais un gros pull sur moi vu ma frilosité accentuée et les températures de février. Chapeau bas, elle est douée, elle connaît l'anatomie du tee-shirt/pull over mieux que moi! Mon mari a senti la tension et a essayé de ramener la discussion par des éléments objectifs...peine perdue, elle l'a envoyé bouler!

J'ai eu son compte-rendu de consultation grace à mon médecin traitant. Ils s'étaient trompé en recopiant mon adresse. La plupart des informations étaient fausses: le plus gros étant que j'aurais été licenciée, alors que je suis toujours dans les effectifs mais en simple congé maladie et non en maladie longue durée.

 

Visite chez un expert sur Paris, pour ma reconnaissance en Maladie longue durée. De peur d'être en retard, nous avons 1 heure d'avance. Il fait très froid dehors, et le vent n'arrange rien. Je suis glacée jusqu'aux os. Tant pis, nous sonnons. Résultat: nous nous faisons engueulés comme des mal propres. "Mais c'est trop tôt" dit-elle d'une voix sèche et cassante.  "Comme on vient de loin, on a pris de la marge, on ne voulait pas arriver en retard mais là il fait trop froid dehors. On voudrait juste attendre dans la salle d'attente""J'ai des patients avant vous." "Et bien ils passeront avant nous." Nous nous sommes fait tout petit pendant une heure. L'heure de l'expertise arrive. Elle a l'air un peu moins énervé. Elle a déjà lu les CR que j'ai adressé à la commission médicale. Son commentaire "Mais qu'est-ce qui vous empêche de travailler?" . Rhoo trois fois rien, je suis sous morphine, je me traîne pour me laver tous les jours, je fais une dépression à cause de c*nnards comme vous. Pfff, j'aurais du le dire. Mais non, j'ai fermé ma grande bouche.

 

 

Je suis hospitalisée 3 jours pour bilan. A ma sortie, les rhumatologues diagnostiquent une spondylarthropathie (le fameux HLA B27!) avec une fibromyalgie. Je ne parle même pas des critiques formulées concernant le traitement de ma généraliste qui a été la seule à chercher à me soulager! Ils me préconisent le suivi par un médecin d'un centre anti-douleur spécialisée dans la fibromyalgie, je dois appeler pour le rendez-vous et eux vont envoyer le compte rendu d'hospitalisation et les résultats d'examen à ce fameux docteur. J'appelle le secrétariat et tombe sur le Cerbère! "Vous avez une lettre?" "Euh, non. On m'a donné les coordonnées à la fin de mon hospitalisation et je devais prendre le rendez-vous et eux ils envoient au Dr X le compte-rendu d'hospitalisation" "Non, il me faut une lettre, que je donnerai au Dr X et c'est elle qui décidera si elle daigne vous donner un rendez-vous!"

SI ELLE DAIGNE!

Alors oui, chers hypocrites, j'ai une dent contre vous. Le seul médecin qui a le droit de me toucher c'est ma généraliste, qui écoute, qui m'explique, qui argumente avec moi. C'est elle qui m'a convaincue de prendre du durogésic, puis des anti-dépresseurs puis du rivotril! C'est elle qui essaye!

 

Alors oui, ce syndrome fibromyalgique, je n'y crois pas et je n'y croirais pas tant que le diagnostic de maladie de Lyme n'aura pas été écarté avec un test aux antibiotiques. Je suis devenu incollable là dessus et ce n'est pas sur doctissimo que je me renseigne mais sur le pubmed et autres. Alors oui, chers marabouteux, si vous voulez me jeter la pierre, allez-y mais regardez honnêtement votre pratique: n'avez-vous jamais pensé "il me fait chier celui-là", ou "faut toujours qu'il exagère". Ne vous êtes-vous jamais trompé? N'avez-vous pas eu un jour un doute?

 

Si vous vous reconnaissez dans ces portraits, j'ai de la pitié pour vous et de l'inquiétude pour vos patients.

 

Si vous avez lâché la pierre que vous teniez en main au début de cette lecture, alors je vous dis bravo.

 

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Commentaires
H
En te lisant j'ai envie de pleurer de rage. Soignée, patiente, on m'appellera comme on voudra mais j'ai vécu cela, aussi. Jusqu'à crier devant un médecin de plus qui me disait que mes douleurs n'étaient "pas possibles".<br /> <br /> Maintenant, le diagnostic est posé et j'ai retrouvé de l'aplomb face aux soignants qui ne comprennent pas.. tout en étant un peu triste pour eux et ceux qui me suivront.<br /> <br /> Je t'envoie un câlin drapé du vent doux de Bretagne
D
En même temps, c'est ton blog, t'as bien le droit de gueuler ;-)<br /> <br /> J'ai créé le mien pour rêler au début, et puis finalement... je râle pas tant que ça... l'écriture est un bon exutoire !
B
"nier la souffrance" c'est très fort. C'est vrai que le titre est un peu provocateur et j'ignorais qu'il faisait partie des trolls sur internet. Ce blog est un exutoire parfois, en tout cas, ce billet en est un...un grand cri dans le désert...alors merci de l'avoir entendu et d'y avoir répondu. C'est con mais cela fait du bien.<br /> <br /> <br /> <br /> Les salauds existent même en kinésithérapie, mais cela fera l'objet d'un autre post. Pas tout de suite sinon vous allez penser que je passe mon temps à gueuler...parce que dans mon parcours de soignant, je rencontre aussi de belles histoires.
G
Bonjour bonjour... je tombe sur ton post via twitter. Je n'ai pas lâché la pierre, parce que je n'en ai jamais eu dans la main :) Désolée pour toi que tu sois tombée sur des cons. J'ai déjà eu des patients malmenés par des médecins experts ou des spécialistes ou d'autres généralistes. Dans tous les cas c'est inadmissible, et c'est d'autant plus violent quand on est en position de "faiblesse" à cause de la douleur / de l'incertitude.... <br /> <br /> Je me permets une remarque (un peu hors sujet pardon) mais ça me hérisse toujours un peu les histoires de "c'est psy alors c'est rien". Une douleur psychosomatique est une douleur. Point. Evoquer une douleur d'origine psychosomatique ce n'est pas la nier. Et de la part des médecins, j'ai vu trop de médecins "jeter" des patients en disant "oh ben t'façon lui/elle c'est psy". Ah. Oui. Et alors? Ca justifie de jeter les gens sans essayer de les soulager? <br /> <br /> En ce qui te concerne on n'en est pas là, visiblement c'est encore l'errance diagnostique... Plein d'ondes de réconfort et de voeux de rétablissement.
D
Je rejoins un peu thoracotomie... le fameux serment d'hypocrite qu'on entend à toutes les sauces et le ras-le-bol général contre tous les médecins, ça "rabaisse" un peu le niveau...<br /> <br /> <br /> <br /> Mais je le reconnais, il y a de nombreuses fois où je me dis "on trouvera rien, y'a pas de maladie la dessous" MAIS je crois, j'espère, que je n'ai jamais nié la souffrance d'un patient, même si au fond je pensais que c'était psychosomatique... Je pense que reconnaître la souffrance, même si on sait pas d'où elle vient, c'est déjà un premier pas dans le traitement, et ça apporte parfois déjà un début de soulagement...<br /> <br /> <br /> <br /> Et aussi chiant que peuvent être les gens, ça n'empêche pas que le psy, ça doit rester un diagnostic d'élimination...
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