Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Carnet spécial d'une kiné et d'une patiente
14 février 2012

Il est passé le kiné?

Cette phrase je l'ai mainte et mainte fois entendue, quelque soit l'hôpital, quelque soit le service. Mon analyse est la suivante: ni les infirmières, ni les cadres de service, ni les médecins ne savent comment s'organise un kiné dans son travail.

Il est une règle tacite mais simple, il passe après tout le monde. Le patient est à la toilette, Madame chambre 6 est au scanner, il y a du "mouillé" sur tout le sol de la chambre 10, Monsieur chambre 20 est ausculté par le médecin. Dès qu'une des chambres se libère, le kiné se précipite, mais à peine a-t-il le temps de dire bonjour que l'infirmière ouvre la porte d'une main, tenant dans l'autre un plateau rempli de tubes pour le prélèvement sanguin urgent qui vient juste de lui être demandé (cela marche aussi avec le pansement à déballer car le chirurgien / la visite / la grande visite (rayer la mention inutile) ne va pas tarder).

Ouf, Mme Trucmuche de la chambre 6 est revenue. Le kiné se précipite en évitant le mouillé, il a encore du monde à voir et n'a pas tellement avancé dans sa matinée. Il se remémore ce qui a été dit au moment des trances trans', fait un rapide bilan et commence sa séance. C'était trop beau, l'interne accompagné ou non d'un ou plusieurs seniors rentre pour la visite, demande confirmation au patient ou de nouveaux éléments. Pas le choix, la séance s'interrompt pendant tout ce temps, le patient est mono-tache (test du marteau réflexe et tirer sur ses mains, ça vous rappelle quelque chose?). Le kiné redemande toute son attention dès que le couloir happe les blouses blanches, la séance peut reprendre.

Et ainsi, notre vaillant professionnel de santé vaque de chambre en chambre.

Sauf qu'un kiné a rarement un service.

Il est affecté en général à un gros service (très demandeur de kiné) avec un ou deux autres petits services. Alors, comme il n'a pas le don d'ubiquité, notre valeureux kiné se déploie dans tout ses services, les uns après les autres, revenant parfois au premier parce que le patient de la chambre 2 a vraiment besoin de 2 séances par jour de kiné respi,il fume sa clope boit son café sur le chemin du service A au service B, et ainsi de suite jusqu'au point Z.

Un kiné a des collègues.

Et ces confrères prennent des congés, des RTT, des jours de formation, des jours enfants malades, des jours de maternité, des jours de grossesse pathologique, des congés bonifiés...vous commencez à voir où je veux en venir. Parce que ces collègues absents, il va falloir s'occupper de leurs patients et se rendre encore dans un autre service que l'on connaît beaucoup moins bien et où il est presque inconnu (le regard "tekitoi" est lourd et incite à la justification) en plus des siens.

Les textes réglementaires indiquent le nombre minimum d'infirmières dans chaque type de service (pour les médecins je l'ignore) mais il n'y a aucun texte qui indique le nombre minimum de kiné. Quand bien même il n'y aurait pas de kiné sur tout un hôpital, il n'y aurait aucune fermeture de lit. Alors le nombre de kiné dans un hôpital est au bon vouloir des autorités compétentes. La seule réglementation c'est qu'il faut que l'effectif ne soit pas en dessous de 50%, vous voyez le tableau. Ce qui peut donner 5 kinés pour tous les services.

J'ai connu une équipe: 10 kinésithérapeutes pour près de 850 lits...j'ai failli y laisser ma peau, j'ai claqué ma demission au bout de 5 ans...même si j'adorais mon service de référence, la pneumologie.

A ce jour, il n'y a qu'une recommandation de la Sociéte de Réanimation en Langue Française qui indique qu'un service de réanimation doit pouvoir faire intervenir 24H/24 un kinésithérapeute. J'ai vu cela une fois...en Belgique.

 

"Il est passé le kiné?"

Regarde ta pancarte, parfois il a une minuscule case où il peut indiquer l'horaire où il est passé. Regarde son cahier / classeur / fichier informatique, il a même noté quelques constantes qui l'interressaient et ce qu'il a fait ce jour comme type de séance. Pose lui des questions quand tu le vois mais propose lui un café avant parce que là, à force de courir dans tout l'hosto, il tire la langue comme un chow-chow.

Ne demande jamais au patient: "non j'ai jamais vu le kiné"...et là, le kiné est en face de lui "c'est moi votre kiné et je vous ai vu tous les jours depuis 3 jours".

Au moins un kiné garde la ligne en courant partout, sauf s'il mange au self parce que le kiné et les frites c'est mariage garanti.

 

Et là, je ne vous parle que des jours ouvrés. Une autre fois, je vous raconterai ce que peut être une garde en kinésithérapie.

Publicité
Publicité
Commentaires
C
Je réagis quasiment un an après (aussi parce que je découvre ton blog ce soir !) mais mieux vaut tard que jamais !<br /> <br /> <br /> <br /> Je ne me reconnais que trop bien dans cet article, étant moi-même kiné, ayant travaillé 5ans à mi-temps en réanimation et en réadaptation cardiaque. Je ne vais pas paraphraser chaque ligne, mais je peux confirmer que tout est vrai !!<br /> <br /> Concernant l'intervention H24 du kiné en réa, dans mon hôpital les astreintes de nuit ont été mises en place il y a deux ans (ou trois, je sais plus, ça me gonfle tellement que j'ai l'impression qu'elles ont toujours été là) et petit à petit dans les autres hôpitaux publics de la ville. On peut dire que ça marche, en tout cas dans mon hôpital, vu le nombre d'appel par semaine, voir par nuit ... Je ne peux pas dire si c'est une bonne chose ou pas, mon professionnalisme me rappelant bien souvent le bien-être du patient, mais d'un point de vue pragmatique ... Hmm l'urgence en kinésithérapie ? ... Bref<br /> <br /> <br /> <br /> Je m'en vais de ce pas lire tes autres articles avec bien grand intérêt et vais sûrement poster d'autres commentaires d'ici peu.
Carnet spécial d'une kiné et d'une patiente
Publicité
Carnet spécial d'une kiné et d'une patiente
Visiteurs
Depuis la création 148 849
Newsletter
Publicité